Lettre sur l'enfant du Dedans
Te souviens-tu, comme petit, la moindre injustice te faisait pleurer?
C'était presque comme une colère de volcan, fallait que ça sorte, que ça fuse...en pleurs, en cris, en tapant des pieds.
Peut-être est-ce parce qu'on t'a trop dit "Faut pas pleurer, pleurer c'est pour les bébés, les filles, les faibles, les lâches...", que l'on s'est moqué de toi quand tes larmes coulaient...peut-être.
Alors toi t'as décidé d'arrêter de pleurer, et comme tu as arrêté de pleurer, et que quand on ressent vraiment on ne peut pas gérer, ben tu as simplement arrêté de ressentir.
Et puis comme tout n'est que suite logique, à arrêter de ressentir, tu as trouvé que les choses étaient plus simples, que tout glissait plus facilement sur ton âme, et à ce moment là, alors, tu en as fini de t'indigner pour de vraies raisons, pour des causes justes.
Tu t'es finalement mis simplement à penser comme les autres.
Pourtant dans cette vie où tu as choisi de suivre l'exemple commun, de faire comme tout le monde pour ne pas être montré du doigt, tu ne cesses de te plaindre de ne pas te sentir aimé, compris, intégré.
Mais regarde un peu en toi, c'est normal...
Même toi tu ne veux plus voir qui tu es réellement, ce petit enfant tu ne le laisses plus s'exprimer, tu le brimes, le musèles... en toi il se sent étouffé, malheureux, opprimé.
Et en même temps, c'est si compréhensible, comment réussir à faire sa place, quand on te dit que tout ce qui est bon, tout ce qui est beau, n'est que lacheté et faiblesse?!
Je ne te dis pas que j'ai la clé, et la réponse, mais je sais que l'enfant en moi, celui que j'ai voulu museler, celui qui a pourtant toujours été là, me rappelant les douces choses, les bons souvenirs, sachant tirer mes yeux vers le haut quand en bas il fait trop sombre, est le début de la réponse.
Et je me dis que si il peut m'aider, alors chaque enfant du Dedans peut nous monter aisément ce qui est beau au Dehors.
Ecoute juste de temps en temps un tout petit peu ton enfant du Dedans, laisse lui un petit bout de plage en toi-même, pour rêver, espérer, construire des châteaux qu'il croira insubmersibles contre vents et marées pour l'éternité.
Souviens-toi un peu, comme tu pensais que tout serait magique dans le futur, combien tu voulais faire de belles et grandes choses, sauver les animaux, rire avec tes copains, et rendre les gens heureux.
Parce que finalement quand on y pense, les adultes c'est peut-être pas nous, mais finalement bien eux, nos enfants du Dedans, avec leur sagesse, leur tendresse, et leur espoir fou!
